Le scandale des jeunes filles du fleuve Maroni

Publié le par Sophie

Dans un commentaire, un internaute me parle du cas des filles du Fleuve, qui couchent avec des hommes à l’âge de 12 ans.

Je voudrais revenir sur cette coutume, qui pour moi, est infâme au 21ème siècle.

 

En Guyane française, département français d’outre-mer, nous avons un magnifique fleuve nommé Maroni. Son nom vient du terme « marronnage ».

 

Un peu d’histoire s’impose. De nombreux noirs africains ont été amenés en tant qu’esclaves dans l’ex-Guyane Hollandaise, aujourd’hui le Suriname. Beaucoup de ces africains fuyaient leurs maitres et leur condition d’esclaves On appelait cela « marronner ». Ils passaient le fleuve qui fait la frontière entre les deux Guyanes. Il a donc pris le nom de « Maroni ». Ces peuples fuyards se sont installés en Guyane française avec l’accord des autorités locales, vers la fin du 18ème siècle.

Il y avait quatre principales ethnies, toujours bien présentes ici : les Saramaca, les Bushinengés, les Aluku, les Bonis.

 

Ces peuples ont reproduit de-facto leur mode de vie d’origine sur les rives du fleuve, retrouvant leurs traditions ancestrales.

 

Pour les Bonis, subsiste toujours une coutume effrayante, qui est pourtant sévèrement réprimée par le code pénal. Selon eux, toute jeune fille qui a ses règles, doit avoir un enfant dans les six mois qui suivent leur apparition. Sinon, elle est déshonore sa famille, et est bannie.


Si elle a un peu de chance, elle trouvera un autre garçon boni qu’elle aime bien, et devra faire l’amour avec lui pour  être enceinte. C’est un moindre mal, si je puis dire. Même si, dans ce cas, la grande majorité ne le fait pas du tout par envie, mais bien contrainte par leur père.

 

Mais si la jeune fille, qui a entre 10 et 12 ans, je le rappelle (âge des premières règles) ne trouve pas de petit ami, alors, c’est le père qui le désigne : ami à lui, cousin, voire même frère ou lui-même !!!! C’est du viol et/ou de l’inceste pur et simple.

 

On trouve ainsi du coté de Maripasoula des ados de 14 ou 15 ans, déjà flanquées de 2 ou 3 enfants. Bien sur, la contraception n’existe pas. Ou plutôt, leur usage n’arrive pas jusque dans ces villages. Et quand une fille a commencé, les hommes ne la lâchent plus. C’est trop bon d’avoir des proies si faciles à portée de main !!!

 

Cette coutume me révolte, mais les mentalités changent très lentement. Certaines jeunes filles qui vont au lycée à Cayenne commencent à comprendre ce qui leur arrive. Mais que se passera-t-il quand il y aura un lycée à Maripasoula ? Là, elles n’auront plus de moyens de comparaison avec les autres, plus de moyens de savoir que ce qui leur arrive est anormal, immoral, une destruction pure et simple de leur vie.

 

N’allez pas me dire : et la télé ? Et le net ?  C’est quasi impossible, il n’y a pas l’électricité dans ces villages, le téléphone fonctionne un jour sur sept dans le meilleur des cas, et le net par satellite est une vue de l’esprit.

 

J’ajouterai que pour ces jeunes filles, et plus tard, jeunes femmes, la polygamie est de règle. A tel point qu’un spot publicitaire pour la lutte contre le sida mettait en scène une jeune femme refusant de continuer à vivre avec son mari et sa nouvelle femme, si ces derniers ne faisaient pas un test de dépistage du Sida !!!

 

Sur le fleuve, ces peuples vivent toujours comme dans l’Afrique du 18ème siècle. Même si mainenant, à Maripasoula, il y a le net et l'electricité, via le solaire et le satellite, sans que cela soit plus de quelques heures apr jour.

Autant certaines coutumes méritent d’être gardées, valorisées. Autant ce viol organisé des très jeunes filles, et leur grossesses forcées, est à condamner avec force, afin de leur laisser plus tard le libre-choix de leur vie !

 

J'ajouterai que la sénatrice Mme Blandin, en sejour dans le deparement en 2008,  a voulu s'insurger contre ces actes monstrueux. Elle s'est faite "aimablement" renvoyer, les autorités locales lui assenant qu'elle n'avait rien à dire, car elle n'avait pas à juger des "coutumes locales" !

 

Il faut que ce scandale cesse, tout comme l'excision ou la lapidation. Mais comment ????

Publié dans Témoignages

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W
<br /> Avant tout merci de votre réponse, qui m'a questionné. Mais tout d'abord ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne minimise absolument pas le mariage forcé et les viols liés à ces<br /> mariages, car je dis que les mariages forcés des Boni ne sont pas comparables à un mariage forcé qui a lieu dans une société ouverte, telle que la nôtre, en métropole, je veux dire par là qu'à<br /> moins d'être schizophréne il est évident que le mariage forcé en métropole est un crime, crime aggravé lorsqu'il est accompagné d'un viol et doit être sanctionné de la manière la plus sévère<br /> qui soit. Ce que je veux dire, comme vous mêmes le faites remarquer, les chocs psychosociaux liés à l'acculturation sont dévastateurs, bien sûr que sur place il faut lutter contre la pratique des<br /> mariages forcés, mais le recours à la loi en vigueur me semble peu adapté, ou en tout peu suffisant, voire contre productif car les personnes incriminées n'ont pas une conscience claire de<br /> leurs gestes, je crois plutôt qu'il faut agir par l'information, la formation, par des groupes de paroles de femmes et mixtes, par des témoignages publics, etc. ensuite appliquer la loi et en<br /> expliquant le pourquoi de l'inculpation et de la gravité des peines encourues. Je ne pense pas tergiverser, mais simplement tenter de prendre en compte la complexité d'une situation, situation<br /> dans laquelle il faut prendre en compte la violence faite aux femmes et de l'autre des pratiques sur lesquelles se sont structurés des groupes. N'ayez crainte, je ne suis nullement relativiste,<br /> loin de moi tout alibi pour couvrir ce qui de toute façon est un plus qu'un délit, mais un crime, le plus grave après le meurtre, mais de la même manière qu'on ne juge pas une personne déficiente<br /> mentale, on ne peut juger des personnes à l'aune de nos représentations des personnes qui vivent dans un autre monde, tout du moins de façon immédiate... Intervenir oui, bien sur laisser se<br /> pratiquer de tels crimes relève de la non-assistance à personne en danger, de la complicité criminelle, mais intervenir en étant ferme sur les principes mais nuancé dans les applications,<br /> protéger les femmes victimes, faire de la prévention, soutenir les femmes victimes, leur permettre d'exprimer devant les hommes de leurs clans leur souffrance LEGITIME, et faire avancer la prise<br /> de conscience de l'horreur auprès des hommes. Pour finir, depuis combien de temps, nous avons enfin reconnu le viol entre personnes mariées ? il en fallu du temps, l'histoire de la libération des<br /> femmes ne rend elle pas conscient des médiations combats par lesquels il a fallu passer ? N'est-il pas maladroit d'imposer tout de go un droit qui chez nous a demandé des décennies de combat ?<br /> tout comme en métropole c'est par le militantisme que les choses ont pu aboutir, je crois que c'est par le militantisme des femmes Boni que les choses pourront évoluer, avec bien ^évidemment<br /> l'accompagnement de femmes de métropole. Cordialement, je vous rends l'antenne<br />
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W
<br /> Je crois qu'il être un peu plus nuancé et voir la réalité de plus près... Les Bonis sont au nombre de 7000, une minorité et peu à peu depuis les années 1980 les Bonis abandonnent leurs coutumes<br /> ancestrales. Il faut savoir que jusque dans les années 1960 les Bonis viviaient au fin de la forêt coupés du reste du monde. ce n'est qu'à partir des années 1970 que les premières écoles font<br /> leur apparition ainsi que les bases administratives de la vie communale. On ne peut d'un seul coup changer des moeurs, cela risque de provoquer des chocs psychosociaux graves que l'on a déjà vu<br /> dans le passé. On sait que l'enfer est pavé de bonnes intentions, c'est au nom de bonnes intentions que les bushmen d'Australie ou les Inuits sont tombés dans des troubles graves de la<br /> personnalité. Cela ne justifie en rien des pratiques répréhensibles dans l'absolu, je comprends les émotions que cela peut soulever, mais le cas des Boni n'a rien à voir avec des pratiques<br /> d'excisions ou de mariages forcés qui se font dans des sociétés dites "ouvertes" à la modernité.  Par ailleurs connaissant le contexte, je peux vous dire que des Boni qui ont fait des études<br /> supérieures militent pour faire avancer les choses. Il faut donner le temps aux apprentissages collectifs... Ne demandez pas aux Bonis de bruler les étapes du temps, tout comme nous les<br /> évolutions passent par des médiations nécessaires, des prises de conscience collectives, etc.<br />
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U
<br /> <br /> Sans doute, mais une de mes stagiaires boni s'est sucidée debut juin, car elle venait d'apprendre qu'elle etait enceinte de l'homme à qui on l'avait mariée de force il y a un an et demi, alors<br /> qu'elle n'avait que 16 ans...<br /> <br /> <br /> Le taux de suicide chez les jeunes du Maroni et 11 fois superieur à celui des jeunes français. il plus que temps que ca change, et  que certaines pratques soient mises hors la loi, tout<br /> comme l'excision.<br /> <br /> <br /> Le choc psychosocial dont vous parlez à deja eu lieu. l'alcool fait des ravages, l'argent du rmi et de la caf a entrainé des comportements destructeurs de leur société ancestrale.<br /> <br /> <br /> Quand à dire que cette pratique n'est pas comparable à l'excision, il faut etre un homme pour dire cela ! ces jeunes filles sont ni plus ni moins que VIOLEES. C'est pourtant un crime. toute leur<br /> vie sera pourrie par ce crime, tout comme si elles avaient été excisées. De plus, elles devront vivre pendant des années avec le fruit de leur viol sous leurs yeux.<br /> <br /> <br /> Je cotoie ces jeunes au quotidien, et il est urgent d'agir, et surtout, de ne pas tergiverser.<br /> <br /> <br /> Pour moi, dire "nuancer" veut dire "tergiverser"....<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> je suis totalement outrée de cette pratique. Et tu dis que ca se passe en France ?? Je suis en colère, vriament !! Comment faire pour que ca cesse ???<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> il faut effectivement lutter contre de telles pratiques abominables.<br /> <br /> <br /> <br />
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U
<br /> <br /> Je ne sais meme plus comment faire pour alerter la France entière.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Aujourd'hui, je suis horrifiée par ce que je viens de lire. Et tu dis que ca se passe de nos jours, en France. je suis en colère et écoeurée de savoir que de telles pratiques existent encore au<br /> 21ème siècle chez nous !<br /> <br /> <br /> Que faut-il faire pour faire cesser ce drame ?<br /> <br /> <br /> <br />
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U
<br /> <br /> Il faut médiatiser ces faits au maximum, faire le "buzz" comme on dit !<br /> <br /> <br /> <br />